Circoncision et 27ème jour du ramadan
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La circoncision, des garçons en âge préscolaire est une de nos traditions arabo-musulmanes. Celle-ci peut être réalisée à n'importe quelle période de l'année. Certaines familles choisissent la saison estivale correspondant aux vacances scolaires pour effectuer ce rite dans une atmosphère festive qui n'a parfois rien à envier aux cérémonies de fiançailles ou de mariage. Outre les périodes de congé scolaire, le mois de ramadan est également une période propice pour y effectuer cette circoncision. C'est généralement durant la deuxième quinzaine de ce mois sacré qu'à lieu la circoncision et la journée du 27ème jour (Leilat El kadr) est particulièrement prisée par les familles.
Si pendant longtemps, la circoncision s'est faite par des barbiers puis par le personnel paramédical, actuellement c'est un acte chirurgical effectué par un médecin ou un chirurgien parfois sous anesthésie générale, le plus souvent sous anesthésie locale.
Les services de chirurgie générale sont donc sollicités par les familles au courant de ce mois sacré de jeun pour y effectuer la circoncision d'un certain nombre d'enfants.
Mais depuis quelques années, les services sociaux des Assemblées Populaires Communales (mairies) ainsi que des associations caritatives prennent en charge la circoncision des enfants démunis de leurs communes.
En quoi consiste cette prise en charge ?
Cette prise en charge concerne en fait l'achat d'une tenue de circonstance pour l'enfant (gandoura, tarbouche, etc.), l'organisation d'une fête au niveau d'une salle de la commune lors de la veillée du 27ème jour du ramadan et le transport par véhicule jusqu'à l'hôpital le jour de la circoncision. Les frais de la circoncision étant à la charge de l'hôpital.
Cela semble logique lorsque le nombre d'enfants est modeste mais lorsqu'il s'agit de centaines d’enfants, un certain nombre de problèmes se posent :
- la circoncision d'un nombre d'enfants aussi grand le même jour oblige l'équipe chirurgicale à suspendre l'activité opératoire normale.
- Pratiquer à la chaîne un nombre important de circoncisions expose à la survenue d'accidents tel que section superficielle du gland et surtout fautes d'asepsie.
- Aucun service n'a autant de boites de petite chirurgie que d'enfants et de ce fait il n'y a pas de stérilisation d'instruments entre les circoncisions ce qui fait de cet acte un excellent moyen de transmission de maladies virales tel que l'hépatite et autres.
- Dans certains hôpitaux, l’administration donne son accord pour la circoncision de dizaines d’enfants le même jour sans que ces derniers ne soient examinés au préalable, mettant le service de chirurgie et le bloc opératoire devant le fait accompli. Les salles du bloc opératoire se retrouvent envahies par les citoyens en tenue de ville, sans qu’aucune notion d’asepsie ne soit respectée. Ces jours là, le bloc opératoire ressemble plus à un marché qu’à une structure sanitaire.Et si une urgence vitale se présente à ce moment là ?
- Lorsque ces circoncisions sont effectuées au niveau des dispensaires et polycliniques, on remarque qu’outre le corps médical, très souvent le paramédical également effectue cet acte chirurgical alors qu’il n’est pas en mesure de prendre en charge une éventuelle complication.
Ce constat nous amène à proposer les suggestions suivantes :
- Le corps médical, en collaboration avec l'administration des hôpitaux , dispensaires et polycliniques , doit faire des campagnes d'information auprès des associations caritatives et des organismes communaux afin de les sensibiliser sur les dangers encourus par ces enfants lorsqu'ils sont circoncis en grand nombre un même jour. Ces campagnes d'information devraient se faire plusieurs mois avant le ramadan.
- La circoncision étant un acte chirurgical réalisé systématiquement chez tout garçon dans les pays musulmans (et dans d'autres pays d'ailleurs), tout médecin devrait être en mesure de le réaliser. Les médecins généralistes peuvent se rapprocher des services de chirurgie lorsqu'un cas se présente pour apprendre la technique.
- Les administrations des secteurs sanitaires devraient offrir tous les moyens matériels (boites d'instruments de petite chirurgie en nombre suffisant) au corps médical chargé de réaliser cet acte en toute sécurité. Il existe à l’heure actuelle des packs circoncision à usage unique qui sont étudiés pour.
- Le corps médical chargé de réaliser cet acte devrait refuser de le faire s'il n'a pas toutes les conditions de sécurité requises. La circoncision, acte médical dont les avantages sont connus (prévention des infections et du cancer du prépuce etc.) ne doit pas être un vecteur de maladies à transmission sanguine.